Crédits : Unsplash
Il n’y a pas d’intelligence artificielle.
On l’appelle en sciences Machine learning (apprentissage automatique).
Rien au monde n’existe qui soit à la fois artificiel et intelligent. L’intelligence porte en elle sa propre indépendance, elle ne dépend de rien, ni de personne, pour être. Ce qui est artificiel dépend de quelque chose qui est mécanique et répétitif. Le robot dépend de l’homme qui lui donne l’information ou d’un autre robot qui, lui, l’a déjà. Un robot qui n’a pas reçu d’information ne peut agir. La croyance qui voudrait qu’ils finissent par se fabriquer eux-mêmes, penser mieux et plus que les humains, prendre le pouvoir et le contrôle sur eux-mêmes et gouverner la Terre est pure fiction, impossibilité physique. Nous pouvons à tout moment déprogrammer, déconnecter un robot.
Serait-il envisageable d’appeler Intelligence Artificielle une des inventions les plus ancestrales de l’homme, le cadran solaire ? Ses inventeurs ont combiné information et construction mécanique. Ils ont fixé, sur un mur, une barre parallèle à l’axe terrestre, dessiné un cadran avec différents points correspondant à chaque heure du jour, et par lesquelles glisse l’ombre de la barre. Ainsi, comme sur un écran, nous pouvons y lire l’heure qu’il est. L’histoire des cadrans solaires débute 2234 ans avant J. C., à l’ère des Chaldéens.
Un ordinateur peut battre aux échecs le meilleur joueur du monde. Non pas parce qu’il est plus intelligent que l’humain, mais parce qu’il a reçu les données du Big Data, avec toutes les possibilités de jeu, ainsi, les ayant toutes en mémoire, il ne se trompera jamais. Au mieux, face à lui, un champion pourra réussir à faire un pat, s’il joue correctement. Un scanner d’images médicales est un appareil ayant reçu une information précise, il est programmé pour lire certains paramètres afin que la science puisse prendre des décisions dans un cas particulier. Une voiture, un bateau, un avion, un sous-marin téléguidé, les télescopes spatiaux… tous sont remplis d’informations que les humains ont eux-mêmes découvertes lors de leurs recherches.
La technologie s’est développée à une vitesse surprenante. Ce ne sont pas les robots qui se sont développés, c’est bien l’intelligence humaine qui s’est intensifiée et a créé les outils techniques et les connaissances scientifiques qui lui ont permis d’avancer. Il est plus facile de réaliser des opérations sur la vitesse de la lumière avec un ordinateur scientifique, qu’avec du papier et un crayon. L’univers est énorme, ou infini peut-être ; et une technologie chaque fois plus avancée est nécessaire pour connaître et appliquer ces connaissances à la vie pratique. La technologie nous aide à aller plus loin, plus profondément dans nos connaissances.
Mais revenons à l’intelligence artificielle. Qu’est donc un robot ? C’est un appareil dont le programme a été enrichi par les données nécessaires afin de réaliser la tâche qui lui est assignée. Pour qu’un robot puisse reconnaître un chat, il doit scanner des centaines de milliers de photographies de chats, dans différentes positions ou de différentes couleurs ; à la différence d’un enfant qui ne voit un chat qu’une ou deux fois, et qui sait ainsi, pour le reste de sa vie, à quoi ressemble cet animal.Le robot qui a reçu cent mille images mais pas une seule de chat en parachute ne reconnaîtra pas le chat en tant que chat en parachute.
Une voiture autonome doit recevoir l’information de toutes les possibilités de trafic de la ville, de la campagne, de la route, l’autoroute, en été et en hiver, et de chaque situation potentielle qui peut se présenter. Les possibilités sont innombrables, et c’est pourquoi l’expérimentation à ce sujet est toujours en cours. L’automobile « intelligente » ne peut pas reconnaître le comportement émotionnel du conducteur d’une autre voiture : si une voiture voisine a la priorité et que le conducteur, par amabilité, la cède, la voiture sans conducteur ne va pas comprendre et restera sur place jusqu’à ce que l’autre passe. Un test a été fait : quelqu’un marchait avec un panneau « stop » accroché au sac à dos, et la voiture s’arrêtait tous les 5 mètres, au rythme du piéton.
Crédits : Simon Weckert
L’expérience la plus notable à ce sujet a été menée par l’artiste allemand Simon Weckert. Il a rempli une charrette à main de 99 téléphones, tous synchronisés sur Google Maps. Cela lui a permis de créer d’énormes bouchons dans les rues adjacentes, alors qu’il marchait tranquillement dans des rues vides. Les GPS des voitures environnantes recevaient l’information synchronisée des 99 téléphones situés sur la même route. De la même façon, les deux avions Boeing 737 Max qui se sont crashés l’ont fait peu de temps après que leur système a connu des défaillances. Ces bugs informatiques vont être inhérents à la mal nommée Intelligence Artificielle, qui ne peut agir que pour la finalité pour laquelle elle a été créée.
Il existe un jeu, venu d’Orient, appelé le Go*, qui se joue avec des pierres noires et blanches sur un plateau carré, et les possibilités de déplacement, à la différence du jeu d’échecs, sont infinies. Pour cette raison, il n’existe pas de robot capable de gagner systématiquement face à un joueur humain. C’est ici que nous mettons le doigt sur le grand problème de l’intelligence Artificielle : la consommation d’énergie.
« Au-delà de ce besoin de données, la dépense énergétique des ordinateurs nécessaires aux algorithmes d’IA croît rapidement ; par exemple, les expériences de certains articles de recherche récents en apprentissage automatique correspondent à la consommation électrique d’un foyer français pendant cent ans. Cette gourmandise préoccupante en énergie compte d’ailleurs parmi les secrets les mieux gardés par les grands groupes industriels. » (IA et emploi : une menace artificielle ; Philippe Askenazy et Francis Bach)
Pour conclure, nous pouvons dire qu’il n’existe pas d’énergie suffisante pour programmer un robot de toutes les capacités cognitives et de réponse qui feront de lui l’égal d’un être humain.
Un robot sera toujours une machine limitée et dépendante, jamais intelligente. Appelons donc l’Intelligence Artificielle par ce qu’elle est vraiment : Mémoire Artificielle ou, encore mieux, Base de données.
*Exemples extraits de la conférence de Luc Julia, vice-président de l’innovation chez Samsung à propos de l’IA, et lors de laquelle il commente son livre : « L’intelligence artificielle n’existe pas ».
Crédits : Luc Julia