J.L. : Les titres des chansons du nouvel album ont attiré mon attention. «Zaïd », «Rubra», «Flordo»… Ont-ils une signification?

Juan Ravioli : «Buenas Nuevas» est composé d’une sélection de morceaux que j’ai composés en 2021. À la fin de cette année, j’ai décidé de les regrouper dans un ordre qui est finalement celui du disque. Certains titres n’étaient pas encore définis alors que d’autres si : «Creta» et «Tompeti» étaient deux chats qui m’ont accompagné ces dernières années et qui ont quitté ce monde à la veille de la production de l’album. «Flordo» est l’abréviation du titre d’un film qui a attiré mon attention à l’époque : «La maldición de la flor dorada» (La Cité interdite» en français), mais cela n’a rien à voir avec le contenu lyrique du sujet. En ce qui concerne «Zaid», la chanson raconte ma rencontre avec un grand musicien nommé Kubero Diaz et c’est une sorte d’hommage. Enfin, «Rubra» et «Zoma» ont été choisis à la dernière minute ; le premier pourrait être un clin d’œil à l’un de mes passe-temps que sont les plantes et le second est encore un mot en verlan, ce qui est assez fréquent dans ma façon de parler. L’idée de garder un mot comme titre de chaque thème a été encouragée par le producteur Emilio Haro, qui a lui-même proposé le titre de l’album.

J.L. : J’ai toujours senti que vos chansons me parvenaient d’une façon étrange. Elles me relient à des émotions très personnelles que j’ai l’habitude de ressentir quand je suis à Buenos Aires : un mélange de douceur et de folie qui flotte toujours sur la ville, en filigrane. Quelles sont vos sources d’inspiration au moment de composer et d’écrire.

J.R. : «Buenas Nuevas» est pour moi un retour à l’écriture et à la composition. Le point de départ a été la sortie de «Get Back», la série de Peter Jackson sur les Beatles, à la fin de l’année 2021. Je fêtais mes 40 ans et tout cela ajouté à la disparition de mes deux chats (d’abord Tompeti en octobre, et ensuite Creta) a créé un terrain fertile pour la réflexion et l’ébullition de certaines idées. Mes compositions se déroulent généralement dans la solitude et les sujets que j’aborde ont trait à la vie, aux choses simples, la routine, l’amour, la mort et le monde fou dans lequel nous vivons et, tout particulierement dans ce disque, est abordé de manière récurrente, le cycle éternel du Soleil.

J.L. : Vos deux précédents albums, «Álbum para la Juventud vol.1» et «Álbum para la Juventud vol.2», sont sortis respectivement en 2006 et 2009. Je sais qu’il n’y a pas de règles, mais pourquoi tant de temps entre ces deux albums et le nouveau ?

J.R. : Je pense qu’après la sortie de mon deuxième album en 2009, j’ai progressivement abandonné mon projet de vie pour ce besoin de m’exprimer et d’exposer mes sentiments et mes idées. En fait, je me suis consacré à travailler sur des projets qui m’ont enrichi professionnellement et humainement et, en particulier, qui m’ont aidé à approfondir mon travail de producteur musical. En 2010, j’ai commencé à travailler avec Melingo, avec qui j’ai collaboré à la production de ses quatre derniers albums et à de nombreux concerts, tournées et musiques de films, jusqu’à aujourd’hui. À l’époque, j’ai intégré le groupe d’Axel Krygier avec qui j’ai eu l’occasion de tourner en Europe et de découvrir des pays comme la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, l’Allemagne et la Grèce. Puis, en 2015, j’ai commencé à jouer avec Pez, un groupe avec lequel j’ai tourné dans plusieurs régions d’Argentine. Par ailleurs, entre 2008 et 2021, j’ai intégré le personnel enseignant du Centre d’Art et de Technologie (CeArTec), Institut d’enregistrement et de production musicale en tant que producteur musical.

J.L. : En plus d’être musicien, vous avez votre propre studio d’enregistrement. Sur quels projets travaillez-vous ?

J.R. : «La cocina de Beti» (La cuisine de Betty) est le nom de mon studio d’enregistrement qui est en lui-même un projet que je gère depuis 20 ans et qui a évolué et grandi pour devenir ce qu’il est aujourd’hui : un petit bastion où règne la musique. Il est situé dans un quartier très calme de la ville de Buenos Aires : Villa Santa Rita. C’est là qu’avec mon associé, Mauro Taranto, nous faisons des enregistrements, de l’édition, du mixage son et de la masterisation. Nous travaillons actuellement avec Melingo sur deux bandes-son, et aussi sur le mixage du nouvel album de Diego Presa & Julieta Diaz ; sur la production du nouvel album de Pablo De Caro, Yuyo Pangaré et Andrés Robledo.

Écouter «Buenas Nuevas» 

 

 

Juan Ravioli signe un troisième album plus intime que jamais
Javier Leibiusky

Javier Leibiusky

Auteur (Traduit par Claudia OUDET )