Hubert Reeves, né à Montréal (Canada) le 13 juillet 1932, mort à Paris le 13 octobre 2023 et enterré au cimetière du Père Lachaise.

Hubert Reeves, le professeur, nous a quittés. Tout ce qu’il nous laisse est immense comme l’univers qu’il a observé. Il a su transformer des énoncés mathématiques en mots simples et compréhensibles pour tous ceux qui s’intéressent à l’univers dans lequel nous vivons.
Il a expliqué comment la science influence la vie des gens, même s’ils ne s’y intéressent pas, et comment elle influence notre comportement. Il nous a appris à regarder les étoiles tout en gardant les pieds sur terre. Il nous a mis en garde contre l’arsenal nucléaire des États-Unis et de l’Union Soviétique et, à partir de l’an 2000, contre la destruction de la planète.
Il nous a dit qu’à l’époque de Galilée, Newton, etc., nous avons commencé à comprendre les lois qui existent dans l’univers et qu’elles sont fixes et répétitives : chaque année, la Terre fait le tour du Soleil, une poire tombe d’un arbre, un corps chaud se refroidit et la comète de Halley repassera par ici dans un certain nombre d’années. Tout est répétitif et prévisible. Mais si ces découvertes suscitent l’intérêt des scientifiques, la monotonie de l’univers pèse sur les hommes, car si les choses sont prévisibles, il n’y a pas de libre arbitre.
Pierre Simon Laplace, né à Beaumont-en-Auge, en 1749. Astronome, mathématicien, physicien de renommée mondiale, il défend la théorie du déterminisme dans laquelle il affirme que tout événement est déterminé par un événement passé et que si quelqu’un connaissait toutes les lois de l’univers, il pourrait connaître l’avenir. Cette période scientifique a engendré une « angoisse existentielle » chez les gens. Si tout est prévisible, la vie devient monotone et inintéressante, ce qui a produit des philosophes, des écrivains, des musiciens tous influencés par cette connaissance : nihilisme, fatalisme avec de grands représentants tels que Schopenhauer, Nietzsche, Albert Camus, Edith Piaf, etc.
Au début du 20e siècle, en 1925, la science a découvert que, dans ce que nous appelons la physique quantique, ces lois n’étaient pas complètes.
« En physique classique, les lois sont déterministes et en physique quantique, elles sont probabilistes et c’est là toute la différence. La physique classique dit ce qui va se passer et la physique quantique dit ce qui peut se passer et avec quelle probabilité. Et le hasard entre en jeu, à chaque mouvement il peut y avoir différentes probabilités de réponses ; cela entraîne un changement dans la façon de penser des gens ».

Hubert nous raconte l’anecdote où Einstein dit à un autre scientifique qu’il ne croit pas au hasard, car Dieu ne joue pas aux dés, et Borj répond à Einstein : « arrête de dire à Dieu comment il doit se comporter ». Quelques années plus tard, en 1920, alors qu’ils observaient un bloc d’uranium en train de fondre, plusieurs scientifiques ont entendu un déclic, parfois un déclic, qui se poursuivait à des rythmes différents. Ce clic fut le début de la découverte du hasard ; ils se demandèrent alors pourquoi les clics n’allaient pas à la même vitesse.
Ce fut le début de la confirmation des lois quantiques ; la loi quantique explique que pour chaque loi physique, il existe un nombre infini de possibilités qui ne sont pas prédéterminées et qui peuvent influencer le résultat de chaque action ; les êtres humains, les papillons seraient tous les mêmes si le hasard ne fonctionnait pas, le monde serait monotone, répétitif. La théorie quantique explique comment le monde se structure. Lors du bigbang, rien n’existait et l’univers s’agrandit à chaque instant.
Il donne l’exemple des cristaux de neige qui tombent et qui sont tous identiques avec six pointes, mais tous différents parce que les pointes sont dans des positions différentes.
Les lois physiques seules seraient monotones et les lois quantiques seules ne seraient rien non plus, les deux ensemble font que la vie se développe et que le terme « libre arbitre » retrouve son sens.


El Café Latino
Traduction : Claudia Oudet