Carla Rossetti et Judith Gonnord, étudiantes de troisième année à Sciences Po Grenoble
Sous la direction de BERRAKAMA Sonia, professeure agrégée d’espagnol à Sciences Po Grenoble

La Colosa, un projet d’extraction minière qui menace l’environnement et la culture locale.
La Colosa est située à Cajamarca, au milieu de la région de Tolima, connue comme la « Despensa Agrícola de Colombie » (BBC, 2017).
Elle abrite des écosystèmes d’une grande biodiversité et des ressources en eau essentielles qui soutiennent l’agriculture et les communautés locales. Ce profil agricole et environnemental a été au cœur de l’opposition au projet minier.
En effet, dirigé par la multinationale sud-africaine AngloGold Ashanti, il envisage d’extraire l’or à ciel ouvert en utilisant des méthodes incluant la déforestation massive, l’utilisation intensive de cyanure et d’eau, et la création de carrières gigantesques, ce qui entraînerait des impacts irréversibles sur la biodiversité, les sols et les ressources en eau.
Bien que l’entreprise la présente comme une opportunité de développement économique et communautaire, les habitants de Cajamarca et les municipalités voisines, notamment Ibagué et Piedras, la rejettent, militant pour la protection des ressources naturelles, comme l’illustrent les propos de José, un travailleur journalier qui travaille sur les fermes : « nous ne voulons pas d’argent, nous ne voulons pas d’or, nous voulons de l’eau. »

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Ainsi, depuis que le projet a été rendu public, ces différents acteurs se sont activement mobilisés contre lui.
Dans ce contexte, des acteurs locaux de divers secteurs ont formé en 2011 le Comité environnemental pour la défense de la vie, une plateforme départementale de mobilisation sociale contre l’exploitation minière, et principalement contre ledit projet. Ce comité est composé d’organisations paysannes, de groupes d’étudiants, d’écologistes, d’hommes d’affaires, ou encore de citoyens sans expérience « militante », entre autres.
Le travail de ces comités a été progressivement soutenu par plusieurs ONG environnementales et de défense des droits de l’homme de Tolima, Bogotá et d’autres parties du monde, comme Ecotierra, Semillas de Agua, De Justicia ou Tierra Digna, et d’autres. L’une de leurs principales stratégies de mobilisation a été les soi-disant « marches du carnaval », au cours desquelles des manifestants déguisés descendent dans les rues pour protester.
En raison de leur nature politico-culturelle, ils ont facilité la participation de nombreuses personnes et ces dernières années, entre 60 000 et 80 000 personnes de tout le pays y ont participé chaque année.
À Piedras, les habitants ont également eu recours à des modes d’action plus directs, comme bloquer l’accès à la ville pendant plusieurs semaines, mais c’est depuis 2013 que les opposants au projet ont promu des consultations populaires basées sur le droit à la participation politique, comme est inscrit dans la Constitution de 1991 et dans les lois qui la réglementent.

Ainsi, jusqu’en 2017, trois « consultations » ont eu lieu successivement dans les différentes villes, la première à Piedras où ont participé 58 % des listes électorales, dont 98,8 % ont voté contre le projet minier. Bien que le gouvernement national et l’entreprise n’aient pas initialement reconnu les résultats, AGA a réagi et a modifié ses plans.
Le processus de l’industrie minière de La Colosa (extraction, traitement et déchets) sera transféré à la municipalité de Cajamarca. C’est dans ce mouvement qu’en 2014, les comités environnementaux de Cajamarca et Anaime et Ibagué ont également décidé d’organiser des consultations dans leurs communes.
Cependant, les propositions ont été rapidement rejetées par les conseillers et ils ont dû continuer à se battre pendant des années avant la dernière « consultation » sur La Colosa en mars 2017, au cours de laquelle une écrasante majorité, 98 % (encore une fois) ont voté « non » à ce qu’ aurait pu être l’une des plus grandes mines d’or au monde (CAMBIO, 2024). Cette fois, le gouvernement national a reconnu la décision et le projet a été définitivement suspendu.

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Aujourd’hui, malgré l’abandon de ce projet et l’arrivée de Petro au gouvernement avec des promesses de protection de l’environnement, les autorités nationales restent généralement sourdes aux revendications populaires de préservation de l’environnement et de sa culture.
En effet, de nouveaux projets d’extraction minière ont vu le jour ces dernières années dans la région de Tolima et depuis le 23 septembre 2024, les communautés indigènes d’Ortega continuent de lutter contre l’exploitation pétrolière sur leur territoire, exigeant le retrait définitif des machines d’Hocol et le respect des normes environnementales (ELOLFATO, 2024).

Photo d’ouverture : Shane McLendon
Photos : sélection personnelle des auteures

Carla Rossetti et Judith Gonnord
Étudiantes de troisième année à Sciences Po Grenoble