Nous commençons le chemin par la Plaza de Sáchica, une petite ville située dans le département de Boyacá dans la province d’Alto Ricaurte, un territoire ‘candidat’ sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’Unesco pour son patrimoine naturel et culturel « identifié avec des atouts géologiques, paléontologiques, naturels, archéologiques et paysagères entre autres, qui donnent un sens à ces ressources culturelles ». (Ministère de la Culture, 2021.)
Sur la place principale de la municipalité, se trouvent des monuments de l’époque coloniale ; la pierre de punition, l’église (temple doctrinal) et la croix auriculaire. À l’époque de la conquête, ce lieu était l’endroit où le chef s’exerçait. Les indigènes Muisca ont souffert de la conquête espagnole et selon les chroniques, au XVIIe siècle, c’est sur cette place que célébrait la messe, à l’intérieur et depuis le balcon de l’église, et si les indigènes n’ont pas n’y assistaient pas, ils étaient torturés sur la pierre de Châtiment. Cette pierre était importante pour les indigènes car elle a une forme phallique et avec, ils effectuaient des cérémonies en rapport avec la fertilité et le dieu Soleil. Par conséquent, la croix sur cette place impose à la fois le catholicisme et l’église, comme la croix et la pierre sacrée et tortueuse sont parfaitement alignées et donc sont conservées.
Nous continuons en véhicule pendant 5 minutes jusqu’au point où nous commençons le chemin dans les montagnes andines. Nous marchons le long du sentier passant par des petites exploitations de paysans de la région qui sont les gardiens du territoire et à qui notre guide local (Javier) les paie pour l’entrée.
Le paysage est un mélange entre désert et forêt andine, je perçois les contrastes de couleurs jaunes de la terre ocre avec des minéraux et le vert des montagnes qui descendent du paramo Iguaque où, selon les ancêtres Muisca, la vie a commencé. Nous longeons la rivière Sáchica qui descend de la lagune sacrée des Muiscas, dans la région il y a des aulnes et des plantes maguey. Nous sommes arrivés au lieu sacré à l’intérieur de la montagne, caché entre une grotte sous les rochers.
Là, comme dans un endroit secret, à environ 2.200 m d’altitude, il y a des peintures rupestres. Sur les rochers de grès de tons jaunes ou ocres, se trouvent les peintures dessinées en rouge, les colorants peuvent provenir de l’argile de la terre et de ses minéraux, certains se sont maintenus au fil du temps, car les Muisca ont habité ces territoires depuis environ 800 après J.-C., mais d’autres se sont estompés. Cependant, nous pouvons encore en voir quelques-uns à seulement un mètre du sol, là parmi les figures, j’ai vu des plantes :
« Un ensemble ordonné de visages humains, une association de symbolisme et symboles circulaires lié à la magie et à la religion, d’autres avec les étoiles dominantes de l’univers, d’autres avec des personnages (prêtres, chefs, ancêtres), des animaux comme le hibou, qui devaient être les dispensateurs de bien, de sécurité et de bonheur du peuple Chibcha (Silva Celis, 2012, p. 13). »
Dans un endroit secret entre les montagnes, il y a les vestiges d’un peuple qui s’y est sûrement rassemblé pour célébrer l’invocation du chimba[1]. Le chuque[2] ou chaman dirigeait les cérémonies et invoquait Nencatacoa[3] pendant qu’ils buvaient des fadcua[4] et dansaient comme nous le montre le personnage dansant que j’ai dépeint. L’énergie du lieu est particulière, il y a le silence, la brise se fait entendre et nous nous asseyons pour boire de l’eau et méditer un peu.
Nous avons marché jusqu’aux eaux cristallines de la rivière Sáchica et traversé les vestiges de l’abandon d’une société minière qui a extrait des roches de l’endroit pendant un certain temps et pourtant les pictogrammes de Sáchica ont survécu malgré le fait qu’il n’y ait pas de présence gouvernementale là-bas, une seule agence de Tourisme privée qui heureusement en prend soin du mieux qu’elle peut et met une notice pour la caractériser ainsi que quelques pierres pour la protéger. C’est pourquoi nous devons prendre soin de cet endroit et le protéger. Nous descendons jusqu’à presque atteindre la route et nous trouvons une surprise : le puits thermal d’eaux cristallines sur l’argile. Il s’avère que les plaques tectoniques se réchauffent et que l’eau sort thermiquement à cet endroit. Nous en avons profité pour plonger et après une expérience relaxante nous sommes allés prendre le véhicule pour retourner à Sáchica.
Bibliographie
Silva Celis E. (1961). « Peintures rupestres précolombiennes de Sáchica, Villa de Leyva. » Revista Colombiana de Antropología e Historia (numéro 10).
« El Sur de la Provincia de Ricaurte ; proposé comme site du patrimoine mondial (31 mai 2012). »
Source : https://www.mincultura.gov.co/areas/patrimonio/noticias/Paginas/2012-05-31_48401.aspx
Notes
[1] Énergie du soleil en langue chibcha
[2] Maître spirituel
[3] Dieu de l’ivresse pour le peuple Muisca
[4] La même chicha de maíz
Carmen Helena Trujillo Vega
Auteur
Traduit par Enza Correia Cardoso