© Camilo Gomez

Dans son discours d’investiture, le 11 mars 2022, le président chilien Gabriel Boric a déclaré : « Nous entamons aujourd’hui une période de grands défis et une immense responsabilité, mais nous ne partons pas de zéro. Le Chili a une longue histoire et ce jour nous inclut dans l’histoire de notre République ».

Plus jeune président jamais élu au Chili (né le 11 février 1986 à Punta Arenas, la ville la plus au sud du pays), il savait d’avance le difficile défi qui l’attendait en tant que président. Élu député à l’âge de 27 ans, élu deux fois comme représentant de la région de Magallanes, Gabriel Boric avait une expérience politique significative avant son élection à la présidence du pays. 

Cette expérience lui a montré la difficulté de gouverner une nation marquée par de graves inégalités sociales, avec les intérêts des classes dirigeantes au pouvoir depuis des décennies, sans parler des partis politiques traditionnels de gauche et de droite qui alternent au gouvernement à chaque élection.

Au cours des neuf premiers mois de son mandat, le président Boric a clôturé l’année 2022 avec un taux d’approbation moyen de 36 %. S’exprimant devant l’Assemblée des Nations unies en septembre 2022, Gabriel Boric a déclaré : « L’inégalité a entravé la voie du développement du Chili et constitue une menace latente pour la démocratie ». Il a également reconnu que le Chili est l’une des nations les plus inégales socialement au monde, ajoutant que la fracture sociale est un obstacle à la construction d’un avenir plus libre et plus juste.

Les difficultés internes du Chili ne sont pas uniques en Amérique latine. Il suffit de regarder certains pays voisins comme le Pérou, la Bolivie, le Brésil, entre autres, pour voir que les problèmes auxquels M. Boric est confronté peuvent se manifester dans n’importe quel pays du monde et pas seulement sur le continent latino-américain.

La route vers la construction d'une société meilleure au Chili

Portrait officiel du Président de la République du Chili, Gabriel Boric

Le photographe chilien Rodrigo nous confie : « Après le déchaînement social et les manifestations d’octobre 2020 auxquelles j’ai participé pour soutenir les changements et la rédaction d’une nouvelle Constitution, nous avons pensé qu’une profonde réforme sociale et politique était nécessaire au Chili. Avec l’arrivée du jeune président Boric, une grande expérience a été générée dans la population qui a voté à l’unanimité pour les idées avancées pendant la campagne. Malgré le rejet du projet de nouvelle Constitution en septembre 2022, avec le recul, nous pouvons dire que des progrès sociaux ont été réalisés au niveau interne du pays ».

On peut préciser que le projet de nouvelle Constitution a été rejeté par 62 % des Chiliens en raison des droits accordés à certaines minorités du pays (peuple Mapuche, groupes LGBT).

Sur l’aspect international, le président Boric a affirmé : « Nous connaissons nos difficultés internes qui s’ajoutent au contexte international de la violence dans le monde. Sur ce problème, le Chili favorisera toujours le respect des droits de l’homme, quelle que soit la couleur politique des gouvernements ».

Le gouvernement de M. Boric a condamné la situation au Nicaragua ainsi que la tentative de coup d’État au Pérou.

Le président chilien a été invité à la cérémonie d’investiture de Luis Ignacio Lula da Silva au Brésil, ce qui indique une convergence politique entre certains pays progressistes du continent. Il sera nécessaire de poursuivre sur la voie de l’intégration régionale afin de faire face aux problèmes mondiaux du changement climatique, des inégalités sociales et de l’extrême pauvreté.

La vie au Chili n’est actuellement pas facile en raison de l’augmentation du coût de la vie. À cela s’ajoute la crise migratoire, qui oblige le gouvernement de M. Boric à s’attaquer aux difficultés rencontrées avec les pays voisins.

En 2023, il sera important de commémorer le cinquantième anniversaire du 11 septembre 1973.

Le président Boric a évoqué cet événement tragique « Comme Salvador Allende l’avait prévu il y a cinquante ans, nous sommes à nouveau prêts à ouvrir les grandes routes par lesquelles les hommes et les femmes libres traceront pour construire une société meilleure».

Eduardo Leon

Eduardo Leon

Président de Dopeal et journaliste de RLP

Traduction Claudia Oudet