C’est un slogan de mai 68 que beaucoup de personnes s’approprient quand elles décident de prendre en main leur vie laissant de côté toutes les règles imposées et inventées par d’autres : les règles scolaires, le Code pénal, les commandements religieux, l’injonction à la réussite de la société. C’est comme rebattre les cartes.
Pourquoi interdire d’interdire ? Parce qu’en interdisant quelque chose, on crée une résistance et on éveille une curiosité qui bien souvent provoque l’effet inverse de ce que l’on veut. Dès lors que l’on interdit de manger « le fruit défendu », tout le monde veut y goûter. Plutôt que d’interdire, il faut favoriser la compréhension de chaque acte. S’il est nécessaire de verbaliser les gens pour qu’ils ne jettent pas leurs déchets n’importe où, cela signifie qu’ils n’ont pas compris leur devoir.
Le monde a beaucoup changé et les gens ne sont plus aussi crédules que ne l’étaient leurs ancêtres. Les gens changent de travail facilement, ils voyagent, ils divorcent ou choisissent de ne pas se marier, ils ne s’accrochent plus autant aux choses. Ils sont plus flexibles et rêvent de liberté. Demain, je serai libre ! “Il vaut mieux suivre sa propre loi, même imparfaite, que la loi d’autrui, même meilleure ; il vaut mieux mourir en pratiquant sa loi : la loi d’autrui a des dangers.” Dans ce numéro de El Café Latino, nous avons écrit sur une plante ancestrale, la coca, et les raisons qui ont mené à la multiplication des cultures depuis son interdiction. Aux États-Unis, il s’est produit la même chose avec la « loi sèche » qui a mené à l’interdiction de la vente et de la consommation d’alcool dans les années 1920. La vente d’alcool s’est alors multipliée et les mafias créées pour contrer la prohibition ont commencé à pulluler.
Al Capone était le fruit de la prohibition aux États-Unis. Avec Pablo Escobar, l’élève a surpassé le maître mais tout comme lui, il doit son destin à une interdiction. Aucun des deux n’aurait connu ce destin si ces interdictions n’avaient pas existé. Preuve en est, le rétablissement de la vente et production d’alcool aux États-Unis. Comme nous le démontrons dans notre dossier sur la coca, sans l’interdiction, nous n’aurions jamais entendu parler de Pablo Escobar.
Roman Gomez
Directeur de la publication El Café Latino