Rédigé par DURRIEU Louis et ONIFADÉ Nina

 

La double urgence humanitaire et sanitaire en Amérique centrale diminue la capacité de récupération des pays touchés par les tornades Eta et Iota

Selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) publié en 2020, l’Amérique latine et les Caraïbes ont connu plus de 1 205 catastrophes naturelles en 20 ans. L’Amérique latine est la seconde région la plus affectée par les catastrophes naturelles après l’Asie Pacifique. La fréquence de ces crises risque d’augmenter irrémédiablement dans les prochaines décennies à cause du changement climatique. Les conséquences d’une telle accélération des phénomènes météorologiques extrêmes pourraient être dramatiques pour des Etats déjà fragiles.

Les tempêtes tropicales Eta et Iota qui en moins de trois semaines ont frappé début novembre 2020 plusieurs pays d’Amérique centrale, affectant la vie de plus de neuf millions de personnes, illustrent cette inquiétude. Les équipes d’évaluation et de coordination des Nations Unies ont dressé un constat plutôt alarmant. Ces tempêtes ont affecté des populations vulnérables aux risques déjà existants, comme l’insécurité alimentaire, la pauvreté et les violences sociales. De plus, l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS) a estimé que plus de 740 installations sanitaires avaient été endommagées, exposant les systèmes de santé à des contraintes importantes pour prendre en charge les victimes de la pandémie. Le Nicaragua, le Honduras, le Guatemala et le Salvador ont fait face à une double urgence. La première, répondre aux problématiques humanitaires apparues suites aux tempêtes : rétablissement des moyens de communication, relogement, coordination des équipes de secours nationales et internationales, sécurisation des zones sinistrées. La seconde, lutter contre la propagation de la COVID-19 avec des moyens limités et dans des conditions dégradées.

 

L'aide humanitaire face aux tornades, à la COVID-19 et aux défis historiques dans les pays d'Amérique centrale

La COVID-19, facteur aggravant des défis auxquels doivent faire habituellement face les secours

D’autre part, Anna Khakee du département des relations internationales au sein de l’Université de Malte explique pourquoi la COVID-19 ne doit pas être appréhendée seulement comme une urgence humanitaire. Cette crise sanitaire nous révèle beaucoup de choses à propos des défis inhérents aux pays d’Amérique centrale. Là-bas, les taux de mortalité sont sous-estimés et l’accès aux soins médicaux est très compliqué. On peut se demander comment la COVID-19 aggrave les inégalités et les tensions politiques en Amérique centrale. 

Nous parlons principalement de pays fragiles et touchés par des conflits. Ces pays tentent de trouver les ressources minimales et sont confrontés à une pénurie de médecins, alors qu’en Europe et aux États-Unis, les préoccupations ne sont pas les mêmes.. Enfin, le rapport de l’IRC montre que les conséquences de la pandémie sur des défis endémiques préexistants renforcent les tensions politiques et économiques. Il est évident que l’aide humanitaire est plus nécessaire que jamais. La question reste à savoir comment elle peut être apportée.

L'aide humanitaire face aux tornades, à la COVID-19 et aux défis historiques dans les pays d'Amérique centrale

Quelles solutions sont à considérer ?

En théorie, les organisations non gouvernementales et les organisations internationales doivent respecter les quatre principes humanitaires: neutralité, impartialité, humanité et indépendance. Plusieurs options ont été envisagées pour améliorer l’aide humanitaire en Amérique centrale. Le Comité international de secours est à l’origine de nombreuses propositions. Il a proposé d’accentuer le financement et la formation des secours locaux qui sont les premiers à intervenir sur les lieux du sinistre dans un contexte où l’aide extérieure met du temps à se déployer à cause des contraintes administratives et sanitaires. Il est essentiel d’ajouter que la réponse doit être inclusive, sans oublier les populations marginalisées. Comme expliqué précédemment, l’aide doit concerner les causes sous-jacentes de la crise et maintenir le soutien aux réponses humanitaires déjà existantes. Il est nécessaire d’élaborer une stratégie transfrontalière permettant une meilleure coordination des capacités et des ressources des pays affectés ainsi que leurs voisins non-sinistrés qui pourraient leur venir en aide. Bien que les organisations humanitaires et les autorités des pays touchés agissent souvent pendant ou après la crise, les Nations-Unies ont déclaré qu’il était nécessaire d’augmenter la prévention des catastrophes naturelles dans ces pays, en collaboration avec les gouvernements nationaux. 

DURRIEU Louis et ONIFADÉ Nina, étudiants de troisième année à Sciences Po Grenoble

DURRIEU Louis et ONIFADÉ Nina, étudiants de troisième année à Sciences Po Grenoble

Sous la direction de BERRAKAMA Sonia, professeure agrégée d'espagnol à Sciences PO Grenoble, et BOHL Virginie, responsable de la gestion des catastrophes naturelles aux Nations-Unies