Rédigé par MATTOS Marion et ROCHE Flavie

 

Les personnes vulnérables, qui sont celles qui, pour des raisons liées à leur identité ou à leurs caractéristiques personnelles, ont été victimes de discriminations et dont les droits ont été niés ou violés*, sont plus touchées par la pandémie actuelle. Les discriminations dont ces personnes souffrent et qui limitent leur accès et leur jouissance à des droits économiques et sociaux fondamentaux sont accentuées par les crises. Cela accroît les inégalités, qui sont déjà structurelles dans la région. 

C’est pourquoi les gouvernements doivent mettre les droits de l’homme au premier plan afin d’apporter des réponses inclusives et accessibles à tous. Ce qui fonctionne pour les groupes les plus vulnérables devrait fonctionner pour tous les citoyens, puisque la santé de l’un a un impact sur tous. En effet, la crise n’est pas seulement une crise sanitaire, elle a également des conséquences économiques et sociales considérables en raison des mesures prises pour contenir la pandémie. 

Dans cette perspective, il existe des traités juridiques régionaux** qui protègent les droits de l’homme. Ainsi, les États sont donc tenus de reconnaître la santé comme un bien public et un droit fondamental, et ce au même titre que d’autres droits essentiels qui doivent être équitables. Afin de garantir l’accès à ces droits et à leur exercice, les États doivent assurer des conditions minimales établies par la jurisprudence : disponibilité, accessibilité, acceptabilité et qualité.

Les effets de la pandémie sur les populations défavorisées : la nécessité d’une approche fondée sur les droits de l’homme

La vaccination comme solution égalitaire

Un vaccin, selon l’OMS, peut se définir comme toute préparation destinée à générer une immunité contre une maladie en stimulant la production d’anticorps. En Argentine, la vaccination est l’une des solutions proposées pour assurer l’égalité d’accès à la santé. Elle est mise en œuvre par le secteur public, garantissant un accès gratuit au vaccin. Selon le Ministre de la Santé, Juan Manzue, le but est de générer “l’équité, l’accessibilité et combler les écarts”. En effet, le vaccin a l’avantage d’être une réponse plus facilement accessible – par le biais des agents de santé – même dans les régions reculées du pays où l’accès aux services de santé est limité. 

Pour l’instant, la vaccination est principalement destinée aux personnes à risque et aux personnes parmi les plus exposées aux virus qui occupent des rôles clés dans la société. Toutefois, à l’avenir, les pouvoirs publics souhaitent généraliser la vaccination. En effet, en Argentine, les vaccinations sont fortement encouragées. Par ailleurs, le programme de vaccination obligatoire du pays est l’un des plus développés de la région et la stratégie nationale a été ouvertement exprimée. Cristina Fernández, par exemple, a expliqué qu’il s’agit “d’un investissement non seulement social, mais aussi économique, car guérir une personne malade est beaucoup plus coûteux que prévenir une maladie”.   

Les limites de la vaccination : accès “forcé”, droits de l’homme menacés

Bien qu’il n’y ait pour le moment pas d’obligation juridique, la pression morale en faveur de la vaccination est assez forte. Peu à peu, elle prend la forme d’une obligation sociale fondée sur l’idée de la responsabilité individuelle envers les autres. Ainsi, le discours officiel soutient que, puisque l’obtention d’une immunité acquise contre le Covid-19 est capitale, la vaccination devient une obligation plutôt qu’un droit, car il s’agit de prendre soin des autres. Mais la perspective qu’elle devienne une obligation légale effraie les gens, peut-être parce qu’il leur semble que leur droit de disposer librement de leur corps est menacé. Ou peut-être parce que le fait de ne pas vouloir être vacciné peut les conduire à faire face à d’autres violations de leurs droits fondamentaux. 

Dans ces circonstances, le gouvernement assure que ce vaccin ne deviendra pas obligatoire et que l’objectif est que la population en vienne à accepter la vaccination en toute confiance comme une solution équitable et bénéfique pour la société face à la pandémie. En effet, cette méthode a déjà sauvé des millions de vies dans le monde à titre préventif. Il existe cependant la loi 27491 (2018) sur le contrôle des maladies évitables par la vaccination, dont le septième article introduit la possibilité d’une mesure d’exception : “les vaccins […] recommandés par l’autorité sanitaire pour les groupes à risque et ceux indiqués dans une situation d’urgence épidémiologique sont obligatoires pour tous les habitants du pays”. Le sujet est donc loin d’être clos.    

Les effets de la pandémie sur les populations défavorisées : la nécessité d’une approche fondée sur les droits de l’homme

*(Convención Interamericana contra toda forma de Discriminación e Intolerancia, OEA), 

** La Declaración Americana de los Derechos y Deberes del Hombre (1948) = Artículo XI; Convención Americana sobre Derechos Humanos, o Pacto de San José de Costa Rica (1969); Protocolo Adicional a la Convención Americana sobre Derechos Humanos en Materia de Derechos Económicos, Sociales y Culturales -Protocolo de San Salvador- (1988) Carta Social de las Américas y su Plan de Acción

MATTOS Marion et ROCHE Flavie, étudiantes de troisième année à Sciences Po Grenoble

MATTOS Marion et ROCHE Flavie, étudiantes de troisième année à Sciences Po Grenoble

Sous la direction de BERRAKAMA Sonia, professeure agrégée d'espagnol à Sciences PO Grenoble, et BOHL Virginie, responsable de la gestion des catastrophes naturelles aux Nations-Unies