Clara MALLET et Enzo BAISE-DELIERE, étudiants de troisième année à Sciences Po Grenoble

Sous la direction de BERRAKAMA Sonia, professeure agrégée d’espagnol à Sciences Po Grenoble

L'université argentine révoltée

Photos :  Clara MALLET

Les manifestations universitaires en Argentine, colère étudiante, mécontentement : que se passe-t-il ?

L’actuelle crise économique et sociale en Argentine perdure depuis plusieurs années. Le pays a traversé de lourds problèmes liés à l’instabilité économique, et aujourd’hui, la situation semble continuer de s’aggraver, avec une inflation atteignant 193% en octobre 2024 (Sasse, 2024). Le problème du budget des universités publiques ne date pas non plus d’hier. En effet, pendant des décennies, ce budget n’a pas été indexé sur l’inflation, entraînant ainsi des crises récurrentes dans le système éducatif.

Plus d’un million de personnes, parmi lesquelles des doctorants, des étudiants et des travailleurs, ont manifesté contre cette situation dramatique. Jamais le pays n’avait connu un mouvement d’une telle ampleur face à ce problème (Le Monde, 2024). En 2024, deux grandes manifestations ont eu lieu en avril et en octobre. Cela témoigne du profond mécontentement face à l’inaction gouvernementale à ce sujet (Larco, 2024).

Historiquement, les mouvements sociaux étudiants en Argentine ont toujours eu un rôle crucial dans la lutte pour des changements, aussi bien sociaux qu’éducatifs. Aujourd’hui, les étudiants et les professeurs réclament surtout un rôle actif dans les prises de décisions au sein de leurs institutions, ainsi que des améliorations sur des sujets divers tels que les infrastructures, le chauffage, l’électricité, ou encore l’accès à internet. Ces derniers réclament également des améliorations dans le domaine des enseignements professionnels et techniques, pour favoriser l’insertion professionnelle. Ils espèrent enfin que les salaires soient augmentés et que les conditions de travail soient meilleures.

 

L'université argentine révoltée

L’arrivée de Javier Milei au pouvoir : une relance de la colère étudiante

 

Cela fait déjà un an que Milei est arrivé au pouvoir. Avec des idées libertaires et libérales, il a réussi à convaincre les Argentins. Depuis décembre 2023, plusieurs politiques d’austérité ont été mises en place pour tenter de réduire la dette publique. Dans ce cadre, Milei a réduit le budget des universités publiques. Cependant, l’inflation a atteint des niveaux historiques (Metrópolis, 2024).

Pour freiner cette hausse des prix, le président cherche à augmenter les investissements étrangers et à réduire l’écart entre le dollar officiel et le marché parallèle. C’est pourquoi Milei a mis en œuvre une dévaluation de 50 % du peso. La pauvreté a ainsi été encore aggravée par cette décision. Aujourd’hui, le taux de pauvreté a atteint 53 % de la population, ce qui représente une augmentation de 10 points depuis que Milei a pris la présidence (Metrópolis, 2024).

Toutes ces décisions ont généré un mécontentement croissant, notamment parmi les étudiants. Ceux-ci sont donc sortis dans les rues pour protester en faveur d’une éducation publique gratuite et accessible à tous (Pared, 2024).

 

L'université argentine révoltée

Où en est-on aujourd’hui ? Quel avenir pour ce mouvement ? Quelques mots de l’opinion populaire

 

On souligne parmi les volontés des manifestants la volonté de changement dans le pays. Alejandra Cornejo, étudiante de première année en médecine et membre du centre d’étudiants Nuevo Espacio témoigne auprès des journalistes de El Pais : « On a voté un plan d’action et des mesures pour que le conflit fasse du bruit, mais sans bloquer les cours, car les étudiants et les doctorants veulent continuer à les suivre ». Elle continue :  « On est en train de défendre une université d’excellence académique, qui aujourd’hui doit perdurer grâce aux efforts de nos professeurs ». Lucas Grimson, étudiant de Sciences Politiques et militant dans le groupe La Mella, témoigne également :  « Milei a choisi les universités et les étudiants comme ennemis. Chaque jour, il nous attaque avec un nouveau mensonge » (Lorca, 2024). Daian Dezorzi, militant du Mouvement Socialiste des Travailleurs (MST) de la FSOC, résume quant à lui en une phrase la situation actuelle : « Notre devoir n’est pas seulement d’imaginer un nouveau modèle universitaire, mais un nouveau modèle de pays ». (Bricca, 2024).

 

L'université argentine révoltée

De l’autre côté de la Cordillère, au Chili, lors de l’Explosion sociale de 2019, ce sont les étudiants qui ont été les premiers à descendre dans la rue, donnant ainsi voix à un mouvement d’une grande ampleur. Alors, quel rôle joueront les étudiants argentins face aux défis actuels de leur pays ? L’exemple chilien pourrait-il offrir des pistes pour l’avenir de l’Argentine ? Comment cette dynamique pourrait-elle façonner l’Amérique Latine de demain ?

Bibliographie

 

Clara MALLET et Enzo BAISE-DELIERE

Clara MALLET et Enzo BAISE-DELIERE

Étudiants de troisième année à Sciences Po Grenoble