Le 18 décembre 2023, l’ONU célèbrera la journée internationale des Migrants. Selon l’ONU, migrer est un droit et revenir dans son pays d’origine aussi.

Exode et cinéma : reflet d’une traversée

Pourquoi quitte-t-on son pays, sa culture, sa famille ?

Plusieurs raisons sont à l’appui d’une décision aussi importante : La faim, les catastrophes climatiques, la guerre, les régimes politiques oppressifs, le manque d’emploi et la misère sociale. Mais aussi, la promotion sociale, la réussite professionnelle, avec l’idée qu’il y a des pays où se faire une place confortable est plus facile que dans le sien.

En 2022 presque deux millions de vénézuéliens sont partis vers la Colombie. Les argentins, les brésiliens, les uruguayens et les chiliens préfèrent tenter leur chance en Amérique du Nord, comme 68 % des mexicains.

Depuis sa création, le cinéma a fait des migrants de véritables héros, parfois avec humour comme « L’émigrant » de Charlie Chaplin (1917) ou « Pain et chocolat » de Franco Brusati (1974). Comme dans la réalité, le cinéma montre des pionniers, des exilés, des immigrants, sans papiers et des réfugiés qui voyagent d’une région à l’autre ou d’un continent à l’autre. « Les 10 Commandements » de Cecil B. deMille (1956) qui montre l’exode du peuple juif d’Égypte ou « Les égarés » d’André Techiné ; en dessins animés : « Pocahontas » (1995), « The Croods (1, 2 et 3) », « Le Prince d’Égypte » (1998), à la trilogie de « L’âge de glace » (2002), « La planète au trésor » (2002) ou au film primé « Persépolis » (2007) ; en biopics tel que « Spanglish » de James L. Brooks (2004) sur une clandestine mexicaine à Los Angeles. Un très bon film franco-argentin : « Tangos, l’exil de Gardel » du réalisateur argentin Pino Solanas (1985).

Qui dit immigré, dit émigré… le contraire est vrai aussi, à savoir un chinois en Argentine dans le film du réalisateur Sebastián Borensztein « Un Cuento Chino » (2012) qui raconte la vision d’un Chinois dans le Buenos Aires d’après-guerre des Malouines.

Moins connus mais de grande qualité, citons « La Jaula de Oro » (Rêves d’Or) de Diego Quemada-Diez (2013), sur trois jeunes guatémaltèques de 15 ans qui décident d’émigrer vers les USA.

« Retour à Ithaque » du cinéaste français Laurent Cantet (2014), sur l’épopée d’Amadéo, qui, après 16 ans d’exil en Espagne, revient à La Havane ; « Une vie meilleure » de C. Wenz sur un immigrant mexicain à Los Angeles ; « Who is Davani Cristal » de M. Silver sur le passage des clandestins mexicains vers les USA ; « Amador » de Fernando de Aranoa qui raconte les mésaventures des péruviens qui tentent de faire leur vie en Espagne. Sans oublier Ken Loach et son « Bread and Roses » montrant les conditions inhumaines des femmes de ménage mexicaines en Amérique du Nord.

Choisir de partir, c’est choisir de couper avec son passé pour s’enraciner ailleurs, fonder une nouvelle vie. Le cinéma montre que cette décision implique toujours de s’adapter, de se transformer, de dépasser ses limites et surtout de se transcender. Payer le prix de ce qui est perdu et passé pour la promesse de ce qui, peut-être, donnera le bonheur espéré demain. Beaucoup décident de quitter leur vie, d’autres renouent avec leurs rêves. En respectant les uns et les autres, le cinéma nous les montre à sa manière.

Ruben Otormin

Ruben Otormin

Traduction : Claudia Oudet

Ciné club uruguayen en France