Crédits : GEFEMLAT
Genre, féminismes et Amériques Latines, bien au pluriel, sont les sujets abordés lors des ateliers doctoraux organisés à Paris par les doctorantes et docteures de GEFEMLAT. El Café Latino rencontre trois membres du comité d’organisation.
Un samedi de confinement, je rencontre Alejandra, Maria Elvira et Yolin, du comité d’organisation des ateliers GEFEMLAT. Chacune derrière nos écrans qui se sont substitués à notre accessoire phare du moment : le masque chirurgical, nous abordons la genèse de leur atelier doctoral.
Il y a quatre ans, en 2016, des docteures et doctorantes se réunissent afin de créer un espace propice à l’échange. Un espace de rencontre, de discussion et de partage de connaissance sur des sujets qui leur tiennent à cœur : le genre, les féminismes et les Amériques Latines. De là sont nés les ateliers doctoraux de GEFEMLAT : Genre et Féminismes dans les Amériques Latines. Chaque année, elles abordent des sujets divers et variés tels que la question LGBTIQ+, le militantisme, la pluralité des féminismes, les mouvements sociaux actuels en Amérique Latine. De fait, cette année, elles adoptent le jaune pour leur identité graphique afin de soutenir le mouvement LeyTransYa en Uruguay.
Calendrier des ateliers doctoraux – Crédits : GEFEMLAT
Pallier à un manque d’espace pour échanger
Les ateliers doctoraux de GEFEMLAT ont été créés afin de pallier un manque d’espace pour échanger, dans un premier temps entre doctorantes travaillant sur la question du genre, sur les Amériques Latine et « surtout afin de s’informer sur ce qu’il se passe en recherche sur l’Amérique Latine » ajoute Yolin.
Dès lors que le manque a été constaté, un appel à projets a été lancé par Yolin. Doctorante à L’EHESS et à l’INED en anthropologie sociale, elle écrit actuellement une thèse sur les nouvelles techniques de reproduction assistée et conservation d’ovocyte reproducteur en France. Deux camarades rencontrées en manifestation, pour la journée internationale de lutte contre les violences de genre, répondent à l’appel et le projet se concrétise, jusqu’à prendre la forme qu’il a aujourd’hui.
Elles sont maintenant 8. Et avec l’aval de l’IHEAL, l’EHESS, l’INED, le CNRS, l’université de Paris 8, Nanterre, la Sorbonne Nouvelle et plus encore, elles ont réussi à « combler une nécessité académique, intellectuelle et militante » souligne Maria Elvira, docteure en histoire et professeure agrégée. Elle a étudié le rôle des femmes dans la sphère publique en Bolivie des années 30 à 50 du XXe siècle. À travers ces réunions, certaines ont mis fin à la solitude qu’elles pouvaient ressentir lors de leur recherche, des ponts entre la diversité des Amériques Latines ont été bâtis et surtout elles ont montré que, bien évidemment, des mouvements féministes existent en Amérique Latine. Car oui, « la première année de l’atelier, on a été invitée à un programme radio pour parler des ateliers. L’une des premières questions “est-ce qu’il y a des féministes en Amérique Latine” » répète Yolin consternée.
Pourtant, la région regorge de mouvements pour la légalisation de l’avortement, les droits LGBTQI+, contre les violences faites aux femmes, les féminicides… « Parfois on nous dit et l’on croit qu’il y a peu d’études sur ces questions-là. En réalité, il y a beaucoup de productions et c’est ce qu’on essaie de visibiliser » rapporte Alejandra qui travaille sur la question trans et gay à travers une œuvre littéraire chilienne. En effet, cette année scolaire 2020-2021, on entendra des doctorant.e.s, docteur.e.s et masterant.e.s sur plus d’une dizaine de sujets différents à l’université de Paris 8 et surtout au campus Condorcet. Enfin, pour l’instant en ligne.
Fatoumata Sillah
Journaliste