Yma Sumac (Imma Sumack) est son nom d’artiste en Quechua ; Zoila Augusta Emperatriz Chávarri del Castillo est son nom complet. Descendante du 13e et dernier empereur inca. Dès l’enfance, elle choisit d’être chanteuse. Malgré les critiques de ses parents dont elle ne tient pas compte, elle va s’entraîner dans la montagne avec les oiseaux, imitant leurs chants, surtout les plus aigus. C’est ce qui lui permet d’acquérir et de maîtriser un éventail de notes très large qui couvre un peu plus de quatre octaves !  A l’âge de 13 ans elle participe en chantant devant un vrai public pour la première fois, à la fête de l’Inti Raymi, cérémonie religieuse annuelle. En 1941, elle a 19 ans, elle chante devant 25.000 personnes qui découvrent ses capacités extraordinaires, dans un amphithéâtre à ciel ouvert. Elle est aussitôt acceptée pour une bourse d’études dans une école prestigieuse où elle rencontre Moïse Vivanco, son futur mari.

En visite en Amérique du Sud, Walt Disney, Douglas Fairbanks Jr. et la chanteuse Grace Moore rencontrent la jeune chanteuse dont tout le monde parle. Grace Moore lui propose de la promouvoir aux États-Unis. Attachée à son pays, elle choisit de continuer de s’y produire, notamment, dans le magnifique “Teatro Municipal de Lima”.  L’année suivante elle rejoint le groupe musical «la Compañia peruana de Arte» de Moïse Vivanco. Ils se marient et partent en Argentine où ils rencontrent un vif succès, après avoir changé le nom du groupe qui devient le «Conjunto Folklorico peurano». Avec ce succès, Yma Sumac apparaît sur la couverture de nombreux magazines. Ils enregistrent 23 chansons avec le label argentin «Odeon». Puis, le succès les porte vers Urca de Rio où ils performent pendant le prestigieux Carnaval brésilien. Yma Sumac fait partie d’un spectacle d’inauguration pour le légendaire hôtel Quitandinha, habillée en Lucrèce Borgia. Le glamour d’Yma Sumac s’épanouit.

Lors d’une tournée en Bolivie, Yma Sumac et Moïse rencontrent Yolanda Rivero, une chanteuse et danseuse connue localement. Yma Sumac est sollicitée pour un rôle au cinéma dans Pal’ Otro Lao en Argentine et un autre au Chili.  En 1945, Yma Sumac est invitée par Manuel Camacho, président du Mexique de l’époque, afin de se produire au célèbre Palacio de Bellas Artes. Puis, ils créent le trio « Inka Taky ». Les médias mexicains la surnomment la «Princesa inca exotica». Les mexicains sont fous d’elle et la comparent à Greta Garbo, Marlène Dietrich, Maria Felix et Heddy Lamar! Suite à cette comparaison flatteuse, le trio débarque à New York. Malheureusement, Yma Sumac y est complètement inconnue et ne réussit pas à décrocher de contrats prestigieux. Un malheur n’arrivant pas seul, Grace Moore décède dans un accident de voiture. Les finances au plus bas, Moïse se lance dans l’importation de thon péruvien avec un ami, mais là aussi c’est un échec.

En 1950, le trio déménage à Hollywood. La maison de disques Capitol Records s’intéresse à Yma Sumac et organise l’enregistrement de « Voice of the Xtabay » avec Les Baxter et les musiciens des studios MGM, Paramount, Warner Bros et Fox, entre autres, qui se vend à plus d’un million d’exemplaires la première année – Il reste l’un des très rares albums de l’histoire de la musique enregistrée à n’avoir jamais été épuisé ! – Yma Sumac est catapulté dans la gloire internationale.

YMA SUMAC, la chanteuse péruvienne nommée « l’éxotique princesse inca »

L’année suivante, elle enregistre «Legend of the Sun Virgin» (la légende de la Vierge du Soleil) qui sortira en 1952, en même temps que deux singles. Les finances sont bonnes à nouveau et Yma Sumac gagne 25.000$ par semaine, à Las Vegas, en tant qu’invitée d’Honneur dans le show de Frank Sinatra. Son agent lui organise des tournées en Europe et elle se retrouve avec un agenda très chargé.

De retour au Pérou en 1953, elle se produit au Machu Picchu où les fans envahissent les lieux et organisent une énorme parade en son honneur. Elle continue ses tournées notamment au Canada. La Diva ajoute à son répertoire une version vocale extraordinaire, jamais tentée auparavant, de «Clair de Lune» et quelques airs d’opéra. Elle chante au Lewisohn Stadium de New York devant une foule en adoration qui ne la laisse pas quitter la scène avec des rappels incessants.

En 1954, elle chante au Carnegie Hall de N.Y. Elle enchaîne avec le Royal Albert Hall de Londres et une vingtaine d’autres dates en Angleterre et en Irlande. En parallèle, elle continue les enregistrements. La sortie de «Secret of the Incas» est suivie de son album «Mambo».

Avec son mari les relations sont tendues et en 1954, Yma Sumac demande le divorce (prononcé en 1958) et la citoyenneté américaine, au grand regret des péruviens. 1958 lui apporte quelques dates à Cuba au prestigieux «Casino Parisien» et une apparition au cinéma dans «Musica de Siempre». Ce film met en vedette Yma Sumac, Edith Piaf, Tongolele et d’autres artistes mémorables.

En 1959, son père décède. C’est aussi l’année de la sortie de son premier album stéréo «Fuego del Ande» qui sera son dernier album avec Capital Records.

C’est en 1960 que son étoile est dévoilée sur le légendaire Walk of Fame, faisant d’elle la première femme péruvienne à y être présente. La même année, elle se rend en Union soviétique où elle est accueillie comme une reine et se produit avec l’Orchestre du Bolshoï; ce sera encore un grand succès. Elle interprète “Moscow Nights” (Les nuits de Moscou) en russe pendant que les héros de guerre arrachent leurs médailles et les jettent à ses pieds. Elle se produit dans 40 villes russes, notamment à l’Opéra Tchaïkovski où les spectateurs lâchent des colombes blanches à son rappel. Elle y donne des concerts, avec 12 000 personnes chaque soir ! Elle y rencontre Nikita Khrouchtchev, Dmitri Chostakovitch et Aram Khatchaturian. Elle mêle Verdi, Mozart et Wagner à son répertoire péruvien et termine chaque soirée par “Moscow Nights”. Elle donne 130 concerts supplémentaires en Roumanie, en Pologne et en Allemagne et en Tchécoslovaquie.

En 1962, elle se produit avec Marlène Dietrich lors d’un programme de l’Unicef. Yma Sumac est stupéfaite d’apprendre que Marlène Dietrich est une grande fan d’Yma Sumac, alors qu’Yma Sumac est elle-même une admiratrice invétérée de la grande légende du cinéma…

YMA SUMAC, la chanteuse péruvienne nommée « l’éxotique princesse inca »

Yma Sumac se rend au Japon pour la première fois en 1963, pour une durée de deux ans et demi. Avant de repartir, elle se produit au profit des familles des victimes de la bombe atomique.

Sa voix est toujours au top et décide de modifier son répertoire pour chanter en Anglais, Espagnol et Italien. Nostalgique de sa famille et du Pérou, elle rend visite à sa mère en 1965. Elle s’y produit mais elle est accusée d’avoir « américaniser » la musique péruvienne et elle est incendiée dans la presse. Suite à ce rejet, elle se rend de nouveau au Brésil pour le «Premier festival international de chanson populaire» où performent également Maysa, Marlene Dietrich, Amalia Rodrigues, Les Baxter, Maurice Chevalier, chacun représentant son pays. Quand elle revient chez elle à Los Angeles, en 1968, elle reçoit le «Golden Disc d’Hollywood du meilleur chanteur latino-américain en Amérique».

En 1972, elle enregistre « Miracles » avec London Records. Billboard Magazine la surnomme «la 8ème merveille du monde» !

Le déclin et la renaissance de la chanteuse péruvienne

En 1973, sa mère tombe malade et elle se rend à son chevet. Elle accepte de se produire dans une série de concerts, mais l’accueil du public reste froid. L’année suivante, toujours au Pérou, elle prend part au fameux Festival et apparait à la télé dans un show où l’animateur lui pose trop de questions personnelles ; ce qui l’énerve et lui fait quitter le plateau. Sur la route de retour, elle croise de jeunes péruviens qui jettent sur sa voiture des légumes pourris. A la suite de quoi, elle ne retournera plus au Pérou et les péruviens l’oublieront. De retour au Town Hall de New York, elle donne deux énormes concerts dont le succès est incroyable. Mais l’équipe de management ne lui convient plus et elle rentre à L.A.  Sa mère, Emilia, décède en 1979.

Dans les années 80, les jeunes de la nouvelle vague New Wave, punk et gothique la considèrent comme une âme sœur, même s’ils la croient morte. Afin de faire taire la rumeur, elle décide de se montrer dans le journal «Los Angeles weekly newspaper» avec un grand titre «Return of the Legendary Sun Virgin» (Le retour de la légendaire Vierge du soleil) et accorde une interview à la BBC.

En 1986, le clip de Belinda Carlisle “Mad About You” reprend la couverture de l’album «Mambo» et suscite la curiosité. Une légion de jeunes marginaux et d’artistes se sont entichés d’Yma Sumac et en font leur muse. Deux spectacles par soir et deux semaines supplémentaires deviennent nécessaires.

1988 : Enregistrement de « I Wonder » (une chanson du film La Belle au bois dormant de Disney), tiré de l’album intitulé « Stay Awake ».

En 1992, le documentaire intitulé «Yma Sumac : Hollywood’s Inca Princess» est diffusé en Allemagne et au « Printemps de Bourges » en France.

En 1993, le documentaire «La Castafiore Inca» est diffusé à la télévision française. Elle reçoit le « Diamond Halo Award » pour sa contribution au divertissement musical sur scène, à la télévision et au cinéma.

En 1997, elle reçoit un «Life Achievement Award» à Los Angeles.

Toujours dans la modernité, Yma Sumac fait mettre en place son site internet officiel. 

En 2006, un fan écrit au gouvernement péruvien afin qu’il la reconnaisse trésor national. Etant donné son âge avancé et son état de santé affaibli, le gouvernement lui accorde cette reconnaissance : « El Orden del Sol » accordé uniquement aux Péruviens les plus éminents.

En 2007, son “Gopher Mambo” est présenté dans la très populaire série télévisée « Mad Men ».

YMA SUMAC, la chanteuse péruvienne nommée « l’éxotique princesse inca »

C’est finalement en 2008 qu’Yma Sumac décède dans le quartier de Silverlake à Los Angeles, à l’âge de 86 ans. Les médias du monde entier lui consacrent leurs colonnes, y compris Yahoo qui en fait la Une et le L.A. Times qui lui consacre une demi-page. En quelques heures, des fans déposent des bougies autour de l’étoile sur Hollywood Bd et la Chambre de commerce y fait déposer un bouquet de fleurs magnifiques.

Cependant, sa disparition physique, n’empêche pas sa présence continuelle dans les médias et les réseaux sociaux grâce à son ancien Assistant personnel. En 2016, Google présente Yma Sumac dans un Doodle pour le 94e anniversaire de sa naissance.

En 2018, aux Jeux Olympiques, on joue “Gopher Mambo” et, en octobre, son compte Instagram @officialYma Sumac est lancé.

2019 : En juin, pour la toute première fois, une petite sélection des bijoux incas emblématiques d’Yma Sumac a été exposée au «Fashion and Textile Museum» de Londres, ainsi que la robe de princesse inca qu’elle porte dans Secret of the Incas, Musica de Siempre et Las Canciones Unidas. L’exposition se tient dans le foyer du musée, en guise d’hommage spécial. En septembre, «Latino USA», diffuse The Spell of Yma Sumac.

2020 : En mars, la station de radio australienne PBS consacre son segment le plus long à des interviews sur Yma Sumac. Plus tard dans le même mois, la célèbre série télévisée «Better Call Saul» présente «Chuncho» d’Yma Sumac et les gens du monde entier se demandent «Quelle était cette chanson en fond sonore ?». En octobre, la publicité pour l’iPhone 12 utilise sa voix.

2021 : Le N° 3 de «Caveman Magazine» publie des photos inédites, et des interviews sont données à l’émission de radio islandaise RÚV.is et une autre à l’émission YouTube, Archetypal Mosaic avec Mikhail Tank.  En septembre, sa garde-robe et ses bijoux sont présentés lors d’une émission Instagram en direct. En octobre, la chanson «Royal Anthem» tirée de l’album « Inca Taqui », figure dans le nouveau film de James Bond «No Time to Die».

Janvier 2022 : L’émission «Mr Nashville Talks», animée par Larry Fergusen, propose une discussion avec son ancien assistant personnel. L’émission est sur YouTube et plusieurs chaînes de télé. En février, la voix d’Yma Sumac accompagne une publicité – plus de 208 Millions de vues – En mars, la voix d’Yma Sumac est dans la série britannique «Ten Percent» sur Amazon Prime (adaptation de la série française «Dix Pour Cent»).

Claudia Oudet

Claudia Oudet

Autrice