Le Bundestag, Parlement allemand, à Berlin. Sa construction laisse entrer les éléments : la pluie est récupérée, et le vent et le soleil sont utilisés pour moduler la température intérieure, grace à sa façade pivotante. © rocka68

Des réponses aux questions

I. En cette nuit de l’hiver canadien, un 15 février, à 23 h 30, je me suis entretenu avec mon IA [Intelligence artificielle, ndlr] dans un café de Montréal, après lui avoir démontré que j’étais humain, pour discuter d’un sujet qui m’empêchait de dormir : Qu’est-ce que le biomimétisme et le calcul biomimétique, en tant qu’application technologique dans la pratique et en tant que compréhension possible de l’architecture, et quelles sont les conséquences pour l’habitat humain actuel et futur dans les villes et les territoires ? « La biomimétique est une approche conceptuelle qui s’inspire de la nature pour créer des solutions innovantes et durables », se précipita de me répondre l’IA. « Elle part du principe que la nature, au fil de millions d’années d’évolution, a mis au point des solutions efficaces à de nombreux défis auxquels nous sommes confrontés actuellement, notamment les problèmes liés à l’énergie, à l’eau, aux matériaux et à la construction. » Je ferme les yeux machinalement pour mieux écouter dans le brouhaha du café Avec un ton professionnel, l’IA continue : « Dans l’architecture, on utilise la biomimétique pour concevoir des bâtiments et des environnements plus efficaces, durables et vivables. Par exemple, les architectes peuvent s’inspirer de formes et de fonctions de la nature pour concevoir des bâtiments plus résistants au vent, à l’eau et au feu, ou pour développer des systèmes de refroidissement passif qui réduisent la consommation d’énergie. » Une millième pause et l’IA poursuit : « Parmi les exemples de biomimétisme en architecture, citons la conception de bâtiments qui imitent la structure des nids de termites pour réguler la température intérieure, l’utilisation de panneaux solaires qui ressemblent à des feuilles d’arbre pour maximiser la collecte de la lumière du soleil, et l’utilisation de matériaux qui imitent la structure et la solidité du corail pour construire des bâtiments résistant aux catastrophes naturelles. »  En bref, comme le souligne la définition, la biomimétique en architecture est une approche innovante qui cherche à exploiter la sagesse de la nature pour élaborer des solutions durables et vivables pour les humains dans les environnements urbains et ruraux. En empruntant des principes à la nature, les architectes peuvent concevoir des bâtiments et des environnements plus efficaces, plus résistants et plus respectueux de l’environnement.
La biomimétique en architecture, ou comment la nature nous enseigne à mieux construire

Le zèbre possède des rayures noires et blanches pour réguler sa température, les noires retenant la chaleur et les blanches l’évacuant. © Carlos Cabral

II.

En interrogeant mon IA et en creusant l’algorithme, nous pourrions trouver quelques exemples répertoriés dans l’histoire de l’architecture, comme une application des principes qui mettent en évidence l’étude de la biométique, bien que ce concept n’était pas utilisé à cette époque. Nous pourrions par ailleurs mentionner quelques architectes ou cabinets d’architecture et des scientifiques actuels qui présentent des exemples de conception et/ou de constructions. 

Dehors, il neige…  Je le vois par la fenêtre du café, malgré l’éclairage faible de la rue.

Justement !  Voici quelques exemples d’applications des principes biomimétiques dans l’histoire de l’architecture, ainsi que quelques architectes et cabinets qui appliquent ces principes aujourd’hui.

Des exemples historiques

Le Colisée romain

Les architectes du Colisée se sont inspirés de la forme d’un ovoïde, ce qui permettait d’avoir une acoustique exceptionnelle et de pouvoir accueillir jusqu’à 50 000 spectateurs.

La Cathédrale Notre-Dame de Chartres

Cet édifice religieux a été conçu en utilisant des principes de proportion et de géométrie sacrée, notamment le nombre d’or, ce qui lui confère une certaine harmonie, un équilibre.

 L’Alhambra, en Espagne

Les architectes de l’époque se sont inspirés de la géométrie de la nature et ont utilisé des formes telles que les motifs en mosaïque afin de créer un effet visuellement stupéfiant.

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La Cathédrale Notre-Dame de Chartre, construite selon les principes du nombre d’or. © Hsien-yang Tseng

Des exemples contemporains

La  Eastgate Tower, à Harare, au Zimbabwe

Les termitières africaines ont inspiré cette construction dont la température intérieure est régulée naturellement sans besoin de recourir à la climatisation. 

Le Musée biomimétique de Shenzhen, en Chine

Son design s’est inspiré de la forme d’une raie manta afin de créer un bâtiment résistant aux tremblements de terre et économe en énergie.

Neri Oxman et son équipe Materia Medica au MIT (Massachusetts Institute of Technology) étudient la manière dont la biologie et les matériaux peuvent inspirer de nouveaux processus de conception et de production en architecture.

Le Cabinet d’architecture Bjarke Ingels Group a été remarqué pour son choix d’une « architecture hédoniste durable », qui utilise les principes biomimétiques et les technologies de pointe pour créer des bâtiments à la fois durables et esthétiquement impressionnants.

La biomimétique est une approche en constante évolution qui continue d’inspirer de nouvelles idées et solutions dans la conception et la construction de bâtiments et d’environnements habitables.

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La forme du Musée Zenzhen, en Chine, est inspirée de la raie manta.    © Achim Höfling

III.

Le café habituel qui accompagne cette conversation avec mon robot est sur le point de se terminer. L’endroit est animé. Il y a des odeurs de tissus synthétiques humides. Au milieu des gens qui sortent en se couvrant, on croise par intermittence le regard d’une femme fatiguée. 

La biomimétique pourrait-elle alors établir un nouveau code de construction pour réviser les bâtiments existants et aussi pour orienter les nouvelles constructions au-delà des principes classiques de Vitruve (Marcus Vitruvius Pollio, firmitas – robustesse ; utilitas – commodité – et venustas  beauté) vers l’extrême fonctionnalité de l’architecture moderne et de la ville assaillie par l’usage généralisé de l’automobile ?

L’IA répond automatiquement : « La biomimétique peut être un outil précieux pour établir de nouveaux codes de construction et de conception afin de revoir les bâtiments existants et guider les nouvelles constructions.

Les principes de la biomimétique favorisent une approche de la conception axée sur la fonctionnalité, l’efficacité énergétique et la durabilité, ce qui peut contribuer à résoudre certains des problèmes auxquels l’architecture moderne est confrontée et la planification urbaine.

Par exemple, l’application des principes de la biomimétique peut conduire à la création de bâtiments qui consomment moins d’énergie, car ils s’inspirent de la manière dont les organismes naturels utilisent efficacement l’énergie.

Elle peut également encourager l’utilisation de matériaux plus durables et moins toxiques, car elle s’inspire de la façon dont la nature utilise des matériaux et des processus respectueux de l’environnement. En outre, la biomimétique peut inspirer la conception d’environnements urbains plus vivables et plus sains, car elle s’inspire de la manière dont les organismes naturels s’adaptent et s’intègrent à leur environnement.

Il est important de souligner que la biomimétique ne doit pas être considérée comme un remplacement des principes classiques de conception et de construction, mais comme une approche complémentaire qui peut contribuer à améliorer la durabilité et l’habitabilité de nos environnements bâtis.

En combinant l’expérience et l’expertise des concepteurs et des constructeurs avec les principes de la biomimétique, on peut trouver des solutions plus créatives et plus efficaces aux défis actuels et futurs de l’architecture et de l’urbanisme. »

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Détail de la façade de la Council House 2 à Melbourne, en Australie. Ce batiment parvient à réduire ses émissions de CO2 de 64% grace à la biomimetique. © Wojtek Gurak

IV.

Tentant un virage serré, un peu latéral, oubliant un instant mon rôle de chroniqueur, IA a déclaré, dans une situation hypothétique, que la biomimétique concentrerait davantage la population dans des villes à la veille de concepts totalement inédits pour la ville et l’architecture du futur.

Non, la biomimétique n’est pas une solution unique aux défis de l’architecture et de l’urbanisme, mais un outil qui peut aider à relever ces défis de manière plus durable et plus efficace. Quant à la concentration de la population dans les villes, il s’agit d’un phénomène dû à de nombreux facteurs, notamment la croissance de l’économie urbaine, l’urbanisation et la migration des populations rurales vers les villes.

L’application des principes biomimétiques peut contribuer à créer des environnements urbains plus durables et plus vivables, ce qui pourrait rendre les villes plus attrayantes pour les gens.

Cependant, il est également possible que la biomimétique inspire des concepts entièrement nouveaux pour la ville et l’architecture de l’avenir, qui pourraient mettre l’accent sur la création de communautés plus autonomes et autosuffisantes, l’intégration de la nature dans les environnements urbains et lexploration de nouveaux modes de vie et de travail.

Court épilogue 

Je ferme mon ordinateur portable.  Je regarde autour de moi. L’endroit est vide. Le bruit et les échos du tumulte habituel du bar se sont tus. L’horloge continue d’indiquer 23 h 30, une seconde après la réception du message. 

Tomás Nieto et son IA

Tomás Nieto et son IA

Auteur

Traduit par Claudia Oudet