© NASA
Le Pérou a levé l’interdiction posée sur deux lots d’or d’un poids total de 58,85 kg estimés à une valeur de 2,9 millions de dollars.
L’interdiction avait été déclarée fin 2019, empêchant la société Dynacor ainsi que deux autres entreprises d’exporter cet or pendant qu’une enquête était menée sur le respect des conditions d’exploitation. L’entreprise canadienne n’était pas celle visée par l’enquête puisqu’elle ne faisait que racheter l’or aux mineurs artisanaux, 600 mineurs dans tout le pays.
Cet or représente 60% de l’or détenu par les autorités. La firme espère un accord favorable avec les autorités péruviennes pour pouvoir exporter hors du Pérou les 40% restants, soit quelque 32 kg.
Dynacor est une entreprise industrielle canadienne de traitement de minéraux industriels. Elle est présente au Pérou depuis 22 ans, achetant à des artisans. Elle possède aussi sa propre exploitation d’or en Tumipampa dans le département d’Apurimac. L’entreprise a conclu un accord avec ses clients (joailleries, horlogeries, vendeurs d’articles de luxe ou ceux qui investissent dans l’or) de créer un Label Responsable pour l’Environnement et le domaine social à travers duquel ils apportent une petite contribution à chaque achat, transmise aux communautés de mineurs artisanaux sous forme d’aide à la santé et à l’éducation.
Des rivières d’Or au Pérou depuis l’espace
Cette photo prise par la NASA depuis la station spatiale révèle, en l’absence de nuages, ce qui pourrait s’apparenter à des rivières d’or dans la forêt amazonienne du Pérou. Mais malheureusement, ce n’est rien de plus qu’une illusion d’optique. Ce que l’on voit est le reflet doré du soleil sur des eaux marécageuses et sans aucune végétation autour, à l’endroit où ont été exploitées des terres en quête de cet or si prisé.
Non seulement les exploitants ont détruit la couche végétale, mais ils ont en plus laissé ruisseler des tonnes de produits chimiques – notamment du mercure et du cyanure – pour s’emparer de l’or. Ces produits remontent jusqu’aux sources hydriques, empoisonnant l’eau de consommation et l’habitat de la faune endémique.
Des milliers de personnes s’aventurent dans la jungle à la recherche d’argent facile. Mais les conditions sont extrêmes pour qui n’est pas habitué aux températures élevées, à l’humidité constante et aux risques de malnutrition et de contact avec des produits très dangereux pour la santé.
De l’Or en Guyane
La France a une place importante en Amérique Latine importante et, notamment en Amazonie . Selon les autorités françaises, il y a en Guyane entre 6 000 et 10 000 chercheurs d’or clandestins, tous encourant les mêmes risques pour leur santé et participant à la destruction et la déforestation de l’Amazonie. On calcule qu’ils en extraient 10 tonnes par an, l’équivalent de 500 millions d’euros annuels. Cet argent clandestin est à l’origine d’un climat de violence. L’or extrait et l’argent qu’il génère doivent emprunter des chemins détournés pour finir en libre circulation sur le marché mondial. L’armée patrouille en permanence dans la jungle, par voie terrestre et aérienne, mais même lorsqu’ils tombent sur des campements, ils ne trouvent personne et les clandestins recommencent alors une exploitation ailleurs. Le commandant de l’armée explique que “tant qu’on ne présentera pas une alternative à ces mineurs clandestins, le problème ne pourra être résolu.
Mercure
Pour chaque gramme d’or extrait, un gramme de mercure est nécessaire. Ce mercure, en étant lavé et chauffé pour ne récupérer que l’or, contamine la terre, les eaux et les poumons des mineurs.
L’utilisation de mercure est interdite depuis 2016 pour encourager l’extraction mécanique. Mais cette interdiction n’a fait que déplacer le problème, les intéressés ayant remplacé le mercure par du cyanure.
Cyanure
Actuellement, c’est le processus le plus utilisé au monde parce qu’il est facilement soluble et ne laisse que de l’or pur. Comme le mercure, quand il est utilisé sans méthodes de récupération – ce qui est très compliqué à mettre en place en Amazonie – il est très dangereux et même plus mortel que le mercure. Il est toxique pour les organismes vivant à proximité et éco-toxique pour l’environnement. Même d’infimes quantités contaminent l’eau et les animaux. La quantité maximale de cyanure autorisée dans n’importe quoi est de 0.05 mg ; cette quantité tuerait une truite en 5 jours et le double, 1 mg, en 4 heures. 0.03 mg sont mortels pour les algues, et 0.08 mg pour les invertébrés.
Peuples originaires
À l’époque précolombienne, les habitants originaires d’Amazonie se servaient de l’or comme d’un symbole du soleil et non comme d’un outil pour dominer. Personne ne s’entretuait pour de l’or. Actuellement, les communautés indigènes ont montré que statistiquement, ils s’occupent mieux des terres qui sont sous leur protection que les autres. La déforestation dans leurs terres est de 0.10% alors qu’elle atteint les 0.30% dans les autres territoires. La minerie, les incendies volontaires ou accidentels consument peu à peu la forêt vierge. Entre l’année 2017 et l’année 2020, 2 millions d’hectares de forêt primaire ont été perdus en Equateur, Colombie, Pérou et Bolivie.
AMAZON contre les AMAZONES
Le groupe le plus puissant économiquement a entamé un combat pour la propriété du nom Amazon, qui en espagnol signifie Amazonie. Les gouvernements de 7 pays ont lutté en vain contre l’appropriation du nom géographique de cette région. Comme comparaison : Est-ce qu’il serait possible qu’une entreprise transnationale s’appelle Champagne, région où sont fabriqués les meilleurs vins mousseux du monde ?
Roman GOMEZ
Auteur de l'article
Traduit de l’espagnol par Juliette CUMIN.